tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.

mardi, mai 31, 2011

Danser avec la mort, art sociologique


Lors de l’évènement social imaginaire "La calle Adonde llega? - Où va la rue ?" en 1983 au Museo de Arte Moderno de Mexico, il s'agissait de questionner la population sur son image de la société mexicaine, ainsi que sur la fonction sociale du musée. Avec le collectif d'artistes qui s'impliqua généreusement et très talentueusement dans cet évènement d'art sociologique, parmi les très nombreuses activités, je n'oublierai jamais cette rencontre et cette danse avec la mort, personnifiée par une actrice.
Le thème de la mort est évidemment tabou. Dans la culture mexicaine, il existe une familiarité remarquable des gens avec ce thème. A la Toussaint, c'est la fête avec des crânes et toutes sortes de représentations symboliques de la mort en sucre coloré. Une sorte d'exorcisme collectif de cette menace si présente dans la vie mexicaine, du fait de la violence et du sous-développement. Une volonté compensatoire aussi de fêter le plaisir de la vie tant qu'on l'a. Et pour moi, né dans une autre société, européenne, le frisson de danser avec celle qui peut m'emporter par surprise et sans mon consentement. En France, au Canada, à l'inverse du Mexique, on tend à cacher, nier, oublier la menace de la mort. Deux attitudes sociales opposées, révélatrices de deux imaginaires fort différents. La mort est un évènement culturel autant et plus que physiologique. Et il semble que plus on cache la menace de la mort, plus elle fait peur. La peur de l'invisible est manifestement plus grande que celle de ce que l'on voit.
L'imaginaire est beaucoup plus puissant que le réel, l'invisible que le visible. Et il en est de même dans le cas du désir. C'est aussi pourquoi le bonheur, lorsqu'il est là, visible et disponible, excite moins que son désir.
L'intensité des émotions est plus grande dans la peur et dans le désir, que dans la réalité de ce qu'ils évoquent. Une grande leçon de psychologie humaine, qui explique aussi l'importance de l'imaginaire dans le réel et de la mythanalyse pour l'élucider, et si éventuellement nous en libérer.
hf

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